Du président: Les défis confrontant la médecine familiale au Japon et en Indonésie
Photo : Nouveaux membres du Collège indonésien des Médecins de soins primaires
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Le mois dernier, j'ai rendu visite à des collègues de médecine familiale au Japon et en Indonésie, ce qui m'a permis de me faire une idée des défis confrontant le développement de la médecine familiale dans ces deux pays.
J'ai visité le Japon en tant qu'invité de l'Association japonaise de soins de santé primaires, organisation membre de WONCA, et ai pris la parole lors d'une réunion spéciale en l'honneur des travaux pionniers en médecine familiale du Professeur Izumi Maruyama. Le point central de la réunion était le défi quant à la prestation des services de santé primaires à une population vieillissante.
Photo : Le président de WONCA en compagnie du professeur Ryuki
Kassai, du docteur Roger Neighbour et de collègues de l'Association de
soins primaires du Japon
Le Japon sera l'un des premiers pays à affronter l'impact du vieillissement d'une proportion importante de sa population. En 2025, la population du Japon comptera plus d'un tiers de plus de 65 ans. La manière dont le Japon répondra aux défis du vieillissement de la population servira d'exemple pour le développement des services dans de nombreux autres pays.
L'un des indicateurs de l'impact du vieillissement de la population du Japon est la croissance dramatique au cours des dix dernières années du nombre de personnes âgées découvertes mortes chez elles. Ceci est un rappel à la triste conséquence d'un changement important dans la société japonaise, les personnes âgées vivant de plus en plus souvent seules plutôt qu'au sein de leur famille.
Le japon voit aussi l'expansion continue des mégapoles tandis que la population des petites villes rurales décroît. En même temps, la population des personnes âgées vivant dans les petites villes s'accroît. En conséquence, les petites villes ont bien du mal à fournir les ressources nécessaires en soutien aux personnes âgées. Ceci présente aussi un défi pour les médecins de famille et pour le personnel de leurs équipes de soins primaires, qu'ils soient basés dans de petites communes rurales ou dans des mégapoles.
Photo : Vues mélangées de l'ancien et du nouveau Tokyo
L'Assemblée mondiale de la santé a pris place à Genève en mai. Cette réunion annuelle des ministres de la santé du monde établit le programme de l'année à venir pour l'Organisation mondiale de la santé. Cette année, l'Assemblée mondiale de la santé a souscrit à une nouvelle stratégie mondiale et à un plan d'action sur le vieillissement et la santé afin d'aider les nations à se préparer au défi que présente la garantie des soins de santé pour un nombre croissant de personnes âgées.
Nous savons tous que les populations mondiales sont dans une phase de vieillissement rapide. Entre les années 2000 et 2050, on estime que la proportion de la population mondiale âgée de 60 ans ou plus doublera, passant de 11% à 22%, soit 2,1 milliard de personnes.
Bien sûr, que 60 ans soit un âge avancé dépend de notre propre âge. Cela me paraît plutôt jeune compte tenu de ma position actuelle sur ma trajectoire personnelle.
L'Organisation mondiale de la santé nous rappelle que ces « années de vie supplémentaires et cette refonte de la société auront de profondes implications pour chacun de nous et pour les communautés dans lesquelles nous vivons. Et pourtant, contrairement à beaucoup de changements qui affecteront la société dans les 50 prochaines années, ces tendances sont largement prévisibles. Comme nous savons que la transition démographique vers des populations plus âgées est inéluctable, nous pouvons planifier afin d'être prêts. »
Nous savons également que la solution pour fournir des soins de santé équitables et de qualité aux personnes âgées de notre population, et pour faire face au nombre croissant de patients souffrant de maladies chroniques et de problèmes de santé mentale, ne réside pas dans la construction de beaux hôpitaux flambant neufs ou d'établissements résidentiels pour personnes âgées. Il nous faut renforcer les services communautaires de soins de santé et de soutien dont le but est de permettre aux personnes de demeurer chez elles, et accroître les programmes de prévention et de promotion de la santé sur toute la vie afin que les populations conservent une bonne santé aussi longtemps que possible.
L'Indonésie est un pays qui est aussi témoin d'une croissance des maladies non-contagieuses et des problèmes de santé mentale. L'Indonésie a une population de 250 millions d'habitants vivant sur un archipel de 17 000 îles, beaucoup d'entre elles étant isolées et n'ayant que peu de services de santé.
En Indonésie, j'ai participé à la réunion inaugurale du nouveau Collège indonésien des médecins traitants. En 2013, le gouvernment de l'Indonésie a promulgué une nouvelle loi reconnaissant la médecine familiale comme branche. Les médecins de famille titulaires de qualifications postdoctorales formelles sont appelés médecins de soins de santé primaires en Indonésie. Le gouvernment indonésien a également introduit une assurance de santé universelle afin de garantir l'accès de tous les citoyens à des soins de santé abordables.
Le gouvernement de l'Indonésie reconnaît l'importance de la médecine familiale pour la réalisation de la couverture de santé universelle et a procuré des fonds pour le développement de la formation postdoctorale en médecine familiale dans 17 des principales universités du pays. Le programme de formation s'étendra sur 3 années pour les nouveaux diplômés en médecine, et il y aura une formation accélérée pour les médecins expérimentés en soins primaires. Une évaluation officielle en fin de formation mènera à la nomination à la Confrérie du Collège indonésien des médecins de soins primaires.
A Jakarta, j'ai assisté à la cérémonie de "grand parentage" des chefs de file de la médecine familiale des 17 facultés de médecine. Les membres de ce groupe distingué de grand-mères et de grand-pères sont devenus les membres fondateurs du Collège indonésien des Médecins de soins primaires.
Les crises cardiaques et les accidents cardiovasculaires représentent ensemble un énorme fardeau sur la santé en général au niveau mondial et sont responsables de plus de 17 millions de décès par an. Ce mois-ci WONCA, ainsi que d'autres organisations mondiales de santé prédominantes, a signé la Déclaration de Mexico pour la santé cardiovasculaire, en engageant nos organisations à travailler ensemble afin d'éviter des millions de décès prématurés et en orchestrant une réponse coordonnée à la pandémie mondiale des maladies cardiovasculaires. Etant donné que les maladies cardiovasculaires causent la moitié de tous les décès résultant de maladies non-contagieuses, nos efforts de coopération sont essentiels pour atteindre les objectifs du développement durable établis par les Nations Unies.
Vous pouvez lire la Déclaration de Mexico ci-dessous.
Michael Kidd
Président, Organisation mondiale des Médecins de Famille (WONCA)
Traduit par Josette Liebeck
Traductrice professionnelle anglais-français
Accréditation NAATI No 75800