Du président: septembre 2020

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Alors que les dernières vagues de la pandémie de COVID-19 continuent de se développer dans le monde entier, de nombreux professionnels sont engagés dans la recherche des sources, de la propagation, de traitements, des impacts à long terme sur la santé et de toute une série d'autres questions connexes. Les revues spécialisées font état d'une augmentation massive du nombre d'articles et de projets de recherche soumis. Tous ces éléments contribueront à notre savoir collectif et nous permettront de mieux nous préparer aux futures pandémies - nous l'espérons. Mais avons-nous tiré les leçons des menaces précédentes telles que le virus ZIKA ou le SRAS ? Des leçons ont certainement été tirées dans les pays précédemment touchés, mais moins dans les pays peu ou pas touchés. Dans le cas de COVID-19, tous les pays du monde ont été touchés, au moins dans la mesure où ils ont essayé de prévenir la transmission et de faire face aux terribles effets du virus lorsque celui-ci s'est installé.

Lors des webinaires réguliers tenus par WONCA, il s’est avéré que l'accès à des informations fiables était un problème pour beaucoup. Un problème majeur était celui d'essayer de différencier les informations fiables des fausses informations ou des rumeurs provoquant la panique. Nous étions tous d'accord sur l'importance de partager nos connaissances et de travailler en étroite collaboration avec nos collègues professionnels, partout dans le monde.

Bien que très malvenu, ce virus a généré un désir - peut-être même un besoin - de travailler en collaboration entre nations, spécialités, cultures, afin d’aider à résoudre des problèmes d'envergure mondiale. Ce qui est important et complexe dans un pays peut rapidement le devenir dans de nombreux autres.

Une grande partie des données déjà disponibles et produites dans le monde entier est remise en question en termes d'exactitude (nombre de personnes touchées, nombre de personnes testées avec résultat positif, nombre de décès, groupes de personnes particulièrement vulnérables). La remise en question des données n'est pas une mauvaise chose en soi : elle encourage les pays à garantir une précision qu'ils peuvent défendre. Bien sûr, il existe différentes méthodes de comptage et de comptabilisation ; les paramètres des ensembles de données sont différents selon les pays et même selon les états d'un même pays. Il y a eu suffisamment de critiques des nations pour qu'on les partage, à quelques exceptions louables près. Mais ce n'est qu'avec la collaboration et le respect mutuel qu'une réponse durable à cette pandémie sera possible.

Comme l'a écrit Richard Horton, rédacteur en chef de The Lancet, dans son récent article publié dans l’édition britannique du Guardian online : « Dans les moments de stress géopolitique, il est certainement préférable d'intensifier, et non d'affaiblir, les relations personnelles et institutionnelles. Il est certainement préférable de construire une meilleure compréhension entre les peuples. ... Une pandémie est un moment de solidarité entre les peuples, et non de conflit entre les gouvernements » (1). Dans son récent livre « The COVID-19 catastrophe : what's gone wrong and how to stop it happening again » (2), il réitère l'idée que « une pandémie est un moment de conciliation, de respect et d'honnêteté entre amis ». Il suggère que « afin de renforcer la vigilance face aux nouvelles menaces infectieuses, les pays en viendront à considérer la santé non seulement comme une préoccupation nationale mais aussi comme une question de politique étrangère fondamentale pour la sécurité nationale. Ils collaboreront pour s’assurer que toutes les nations progressent vers l'objectif d'une couverture sanitaire universelle, car la sécurité sanitaire individuelle est indispensable à la sécurité sanitaire mondiale. Les pays coopéreront pour partager les données et vaincre la désinformation. Et ils trouveront des moyens, lentement, de renforcer leur responsabilité afin de répondre aux exigences strictes du RSI » (Règlement sanitaire international de l'OMS).

Nous pouvons faire plus qu'espérer que cela se réalisera. Chacun de nous peut, en tant que médecin de famille travaillant avec et pour nos patients, contribuer activement à la collecte, au rassemblement et à l'analyse des données qui nous permettront de nous préparer et de réagir aux risques émergents. Notre objectif souvent énoncé est de parvenir à une couverture médicale universelle, fondée sur l'accès à des soins primaires complets et de qualité, dispensés par des professionnels de santé qualifiés et formés. L'amélioration des systèmes et des services de soins primaires, associée à des mécanismes d'orientation d’ordre clinique vers les soins secondaires, permettra de disposer de munitions plus efficaces et mieux informées contre le véritable ennemi du prochain virus inattendu et insidieux qui menace et nous aidera à faire face à la menace permanente que nous vivons actuellement.

Donald Li

Références :
(1) The threat of coronavirus should kindle global cooperation not a new cold war, The Guardian online 23.08.20
(2) The COVID-19 catastrophe: what’s gone wrong and how to stop it happening again, Richard Horton, Policy Press, 2020 ISBN-13:978-1-5095-4645-9/4646-6 (pb)

Traduit de l’anglais par Josette Liebeck
Certifiée NAATI