Du Président: Mars 2021
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Alors que les gouvernements des pays les plus riches discutent de la logistique - et de l'obligation morale - de partager les vaccins COVID-19 avec les pays les plus pauvres et que le vaccin est de plus en plus distribué dans le monde entier, nous pouvons commencer à envisager la prochaine étape de nos vies. Elles ne reviendront pas à ce qu'elles étaient avant l’épidémie de COVID-19, mais nous pourrons peut-être retrouver un semblant de ce que nous considérons comme "normal".
Au cours de la dernière année, nos vies ont été remises en question, tant sur le plan professionnel que social et pour beaucoup, sur le plan personnel. Et pourtant, notre désir inné d'essayer de maintenir un semblant de normalité est très fort, et présent en chacun de nous. Dans le contexte de la WONCA, l'une des choses qui m'a étonné au cours de l'année dernière est l'enthousiasme de nos régions, nos groupes de travail, nos groupes d'intérêt spéciaux et nos organisations membres de continuer à organiser des conférences et des réunions. Au cours des dernières semaines, WONCA Europe, le Royal Australian College of GPs (Collège Royal des Médecins Généraliste Australiens), le RCGP UK (Collège Royal des Médecins Généralistes Anglais), le WWP on Rural Health (Groupe de travail de la WONCA sur la Médecine rurale) et l'Académie Philippine des Médecins Généralistes ont tenu des conférences très réussies et avec une bonne participation.
Nombre de ces conférences sont, au moins dans une certaine mesure, interactives, avec des événements parallèles, des systèmes de vote et des sessions de questions et réponses. Certaines de ces sessions sont diffusées en direct, d'autres sont préenregistrées. Bien entendu, le timing est un défi, lorsque les participants vivent et travaillent sous différents fuseaux horaires. Mais le fil conducteur est le même : les médecins généralistes du monde entier sont enthousiastes à l'idée de créer et de partager des connaissances, de rencontrer et de raviver leurs relations avec leurs collègues et amis du monde entier, même si c'est de façon virtuelle.
Bien entendu, au cours de l'année écoulée, nous avons tous dû acquérir de nouvelles compétences, ou développer celles que nous avions rarement utilisées depuis l'époque où nous étions étudiants en médecine ; ou encore développer des compétences en matière d'accès et d'utilisation de la technologie afin de fournir un meilleur service à nos patients. Une fois que le pire de cette pandémie sera passé et que nous serons sur une trajectoire plus positive, ces compétences nouvelles ou actualisées continueront à nous être utiles. Notre "nouvelle normalité" comprendra le meilleur de ce que nous avons appris.
En médecine générale, les compétences nécessaires à la prise en charge des patients souffrant de comorbidités sont normales, tout à fait habituelles. Mais nous oublions que ce n'est pas le cas pour de nombreux spécialistes cliniques. Les questions relatives aux comorbidités, telles que le diagnostic, les protocoles de traitement, les conséquences, les vulnérabilités, les contre-indications, la poly-médicamentation - tout cela fait partie de notre boîte à outils quotidienne de la médecine générale. Nous sommes formés et compétents pour traiter nos patients comme des personnes dans leur globalité plutôt que comme un ensemble de signes et de symptômes cliniques individuels. L'une des questions, que le traitement hospitalier des patients atteints de COVID-19 a mis en évidence, est combien il est crucial pour l'ensemble des spécialistes cliniques de connaître et de comprendre, au moins dans une certaine mesure, les implications de la multimorbidité chez nos patients et de comprendre les implications de la récupération liée aux conséquences les plus graves du virus.
Pour ceux qui ont réussi à se remettre des pires effets du virus, un long chemin de guérison est à parcourir. Les médecins généralistes seront essentiels pour soutenir et contribuer à la recherche nécessaire pour nous aider tous à comprendre les implications à long terme de cette convalescence. Certains défis deviennent déjà évidents : fatigue chronique, manque de concentration, culpabilité du survivant, pour n'en citer que quelques-uns. C'est après le drame des soins hospitaliers, aussi crucial soit-il, que les médecins généralistes ramasseront les morceaux de la vie de leurs patients, pour les aider à se rapprocher le plus possible d'une nouvelle "normalité". Grâce au partage continu de nos connaissances, par le biais de nos conférences, groupes de travail et groupes d'intérêt spéciaux, nous sommes en mesure de nous préparer aux implications et aux défis à venir en matière de soins primaires.
(PS : Le mois dernier, j'ai remercié l'Association Médicale Cross Straits d'avoir entrepris la traduction en mandarin de mes chroniques. Ce mois-ci, j'aimerais remercier Julien Artigny, qui est membre de notre groupe d’intérêt spécial sur la santé LGBTQ, d'avoir accepté de faire la traduction française de ma chronique)
Donald Li,
Président
Traduit de l’anglais par Dr Julien Artigny